Planète bleue, nouvelle Mars

Et voilà, c’est fini! Enfin pour moi… Ah, fatalité quand tu nous tiens ! Je suis là, seul dans l’obscurité, sans espoir donc sans peur, serein. Je peux enfin m’abandonner tranquillement et totalement.

On aurait dû le voir venir quand les premières sècheresses ont commencé. Le réchauffement climatique n’est qu’un canular qu’ils disaient… Si vous croyez en Dieu, si vous est pieux et respectueux, vous serez épargnés ! Tu parles !! Il était où votre dieu quand les ouragans et autres typhons ont noyé et balayé ce qui restait de terres cultivables non polluées ? Quand le désert a remplacé les champs de cultures par du sable et de la poussière ? On le savait et nous n’avons rien fait! Nous avons laissé des centrales vétustes se fissurer polluant les rivières qui servaient à les refroidir.

Nous avons laissé nos déchets contaminer jusqu’à la dernière goutte d’eau potable. Nous avons laissé les animaux et les plantes mourir sans se demander comment nourrir 7,5 milliards d’êtres humains affamés et surtout voraces ! Du coup, les gens qui n’avaient rien, sont simplement morts dans l’indifférence, ceux qui avaient tout, se sont entretués pour un rien et ceux qui s’étaient préparés à l’inéluctable, bâtiront leur nouvel empire sur du sable et j’espère bien qu’ils s’étoufferont avec !

Quand aux générations futures, ce n’est plus mon problème. J’ai déjà réglé ma dette de sang quand j’ai regardé mes enfants et ma femme s’effondrer sur la table de leur petit déjeuner. Je leur avais promis un festin et ils l’ont eu. C’est fou comme le petit gout sucré de l’antigel passe bien avec des flocons d’avoine! Ma femme savait mais les enfants n’auraient pas compris. Ca faisait déjà si longtemps qu’ils luttaient avec nous dans ce monde, qu’ils auraient presque pu y survivre. Mais bon… pourquoi faire ? Survivre n’est pas vivre, je ne voulais pas qu’ils grandissent dans un univers stérile, jonché par plus d’un siècle de déchets et d’erreurs égoïstes. Ils n’auraient jamais pu connaitre les petits plaisirs qui faisaient que la vie valait la peine d’être vécue. Ils n’auraient connu que violences, épidémies, famines et finalement la mort. Une mort bien plus terrible, plus douloureuse et plus injuste que celle que je leur ai réservé.

Pourquoi n’ai-je pas partagé ce festin avec eux, me direz-vous ? Simplement parce que je voulais m’assurer qu’ils étaient bien tous partis. Vous croyez que je culpabilise et que je suis resté pour expier mon crime ? Le véritable crime c’est de n’avoir rien fait quand je le pouvais encore et celui-là, je préfère laisser les décideurs de demain l’expier à ma place. Non, je pense au contraire avoir bien mérité de prendre un bon bain. C’est humain après tout, de vouloir se délasser dans une mare à 37°C par un mois de janvier à plus de 40°C ! Maintenant, je suis peut-être un monstre aux mains couvertes de sang mais est-ce vraiment de ma faute si on n’a plus d’eau courante depuis des mois ?